Les binious ou binioù : koz, coz, kozh, bras et braz


Le mot biniou signifie simplement instrument à l’origine. Il est souvent utilisé aussi par les anciens auteurs pour désigner le couple de sonneurs, ou le groupe de musiciens. On trouve aussi quelquefois l’orthographe bigniou ou bignou dans les vieux textes, mais ces orthographes n’ont pas fait école.

Le sens du mot biniou s’est maintenant fixé sur toute cornemuse, au sens large, ou sur la petite cornemuse bretonne (biniou bihan), au sens restreint. Il s’agit du biniou koz, biniou coz ou biniou kozh, c’est à dire le biniou ancien. On trouve aussi l’écriture binioù avec un accent, qui est plutôt l’orthographe bretonne, sujette à discussion.

sonneur de biniou koz

Cette petite cornemuse est constituée d’une poche qui emmagasine l’air qu’on insuffle par le sutel ou porte-vent, avant de l’envoyer vers le bourdon, instrument à anche simple battante qui joue la tonique, et le levriad ou chalumeau, petit hautbois à anche double. C’est ce levriad qui joue la mélodie, et qui a la particularité d’être très petit, et donc très aigu : une octave au-dessus de la bombarde (quand elle joue dans sa première octave).

On remarquera au passage que le biniou est un instrument qui fonctionne exclusivement à l’huile de coude et à l’énergie éolienne, ce qui en fait un instrument écologique avant l’heure.

Le biniou est maintenant en général en sol dans le Vannetais, et en sib en Cornouailles, sur une gamme tempérée, mais à l’origine on trouvait des gammes et des tonalités différentes suivant les terroirs et les luthiers.

Plein Ouest utilise aussi le biniou bras, ou braz, c’est à dire le grand biniou, en particulier dans les prestations à cinq. C’est en fait la grande cornemuse des highland (GHB ou pib), qui est devenue bretonne en participant à la création des bagadoù. Au départ il y avait une ambiguïté entre le biniou braz qui désignait la cornemuse écossaise montée avec des doigtés bretons ouverts, et la cornemuse originale avec les doigtés fermés. Les deux instruments étant incompatibles en justesse, la version écossaise a supplanté la version bretonne, parce qu’elle permettait de jouer les airs écossais en vogue à l’époque.
La bombarde s’est adaptée à cette gamme par l’ajout d’une clef de sous-tonique, fréquente en bagad.

Citons le cas de notre mentor Yfig Le Digabel. Ce sonneur (joueur) de biniou et de bombarde (binoiouawer et talabarder) a commencé avec un biniou braz en doigtés bretons (doigtés ouverts) avec les musiciens bretons Polig Montjarret et Loeiz Ropars, participant à la création du Kevrenn Rostren puis du bagad de Carhaix, et qui a posé définitivement sa cornemuse quand on a voulu l’obliger à jouer avec doigtés écossais.

Ce biniou braz breton survit à travers Georges Cadoudal qui a gardé ses doigtés et son jeu de vieux sonneur.